Quelles libertés face à la terreur ?
Nous sommes entrés, sans doute depuis le 11-Septembre 2001, dans une ère nouvelle de propagation de la violence et de la terreur, dont les attentats sur des cibles civiles sont devenus le lot commun. Régimes de terreur, actes terroristes mondialisés revendiqués par Daech, qui se veut aujourd’hui comme l’épicentre ou le grand orchestrateur de ces mouvements et de ces attaques. Il cherche même à les mettre en scène à partir d’images inspirées de jeux vidéo, mais néanmoins bien réelles, où le spectacle de l’horreur inspire fascination et terreur…
Comment préserver les libertés, publiques et privées, dans un tel contexte ? Les tenants de la sécurité, qui ont par exemple élaboré le Patriot Act aux États-Unis, cherchent à imposer une régression des libertés et un contrôle toujours plus poussé des sociétés. Comment y faire face ? Libertés publiques, État de droit et droits de l’homme doivent-ils être relativisés ou mis entre parenthèses ?
La violence, comme la terreur, ne sont pas sans histoires et sans généalogies : l’Irak, après la chute de Saddam Hussein provoquée par l’intervention militaire américaine qui avait pour ambition de façonner un « Nouveau Moyen-Orient » ; la Syrie de Bachar Al-Assad, qui a réprimé dans le sang les premières manifestations de liberté et qui est aujourd’hui en plein chaos : 310 000 morts, 100 000 disparus et environ 12 millions de réfugiés ou de déplacés – soit plus d’un Syrien sur deux. Quant à la Libye de l’après Mouhamar Khadafi, renversée par une intervention militaire franco-britannique et américaine, la confusion politique y règne, des bandes armées et des groupes djihadistes prennent en tenaille la société alors que les migrants africains sont placés dans des camps, rançonnés et le plus souvent torturés.
La terreur est-elle le fruit d’États faillis, entrés en déliquescence suite aux interventions militaires extérieures ? Ou procède-t-elle plutôt d’un « État de Barbarie », comme le chercheur Michel Seurat qualifiait notamment la Syrie des Assad ? Comment penser l’après du désastre et imaginer des chemins vers la liberté en Irak, en Syrie ou en Libye ? À partir de quelles marges de manœuvre, de quels espaces de liberté dans le récit ou dans l’image, par exemple, pour tenter de redonner un visage ou une expression à des sociétés brutalisées ?
Quelles interactions possibles avec les sociétés européennes, d’une rive à l’autre de la Méditerranée ? Comment mieux ouvrir les yeux et favoriser des espaces de liberté en commun ?
Peut-on sortir d’une forme de déni, de refus de voir et de comprendre pour faire face à la terreur ?